Je vis au sein d’une famille irréligieuse et elle
m’opprime et se moque de moi en raison de mon attachement à la Sounna (ce dont
je loue Allah). Mon père croit que les hadith qui expliquent les enseignements
du Coran tels que la prière doivent être appliqués et que les hadith qui
stipulent des dispositions non mentionnées dans le Coran comme l’interdiction
de serrer la main à une femme ne doivent pas être appliqués, entre autres
croyances qu’il perpétue. Je sais que le bon traitement des parents est un
devoir. M’est il permis de prier derrière mon père ? Si la réponse est
négative, m’est il permis de faire semblant de prier avec lui pour ne pas
provoquer sa colère, puis de répéter la prière par le suite ?
Louange à
Allah.
O frère,
auteur de la question,
La
situation que vous vivez est effectivement difficile. En effet, il n’est pas
commode pour un musulman de vivre avec un père qui se cramponne à des
aberrations et des déviations par rapport à la voie juste, celle de la Communauté
sunnite. Mais le musulman doit chercher la récompense dans la patience devant
l’attitude d’un tel père et dans le fait de lui prodiguer des conseils avec
douceur et lui indiquer la vérité par les moyens adéquats tout en évitant de
lui donner le sentiment qu’on lui est supérieur et qu’on cherche à le remettre
en cause. Bien au contraire, on doit lui faire sentir qu’il s’agit de conseils
donnés par un fils reconnaissant et respectueux envers son père à l’instar
d’Abraham (psl) dans son appel adressé à son père. A ce propos, le Très Haut
dit : « Et mentionne dans le Livre, Abraham. C' était un très véridique et un
Prophète. Lorsqu' il dit à son père: "Ô mon père, pourquoi adores- tu ce
qui n' entend ni ne voit, et ne te profite en rien? Ô mon père, il m' est venu
de la science ce que tu n' as pas reçu; suis- moi, donc, Je te guiderai sur une
voie droite . Ô mon père, n' adore pas le Diable, car le Diable désobéit au
Tout Miséricordieux. Ô mon père, je crains qu' un châtiment venant du Tout
Miséricordieux ne te touche et que tu ne deviennes un allié du Diable". Il
dit: " Ô Abraham, aurais- tu du dédain pour mes divinités? Si tu ne cesses
pas, certes je te lapiderai, éloigne- toi de moi pour bien longtemps".
"Paix sur toi", dit Abraham. "J' implorerai mon Seigneur de te
pardonner car Il m' a toujours comblé de Ses bienfaits. » (19/41-47).
Abraham a
employé dans son discours adressé à son père des termes susceptibles de
susciter les sentiments paternels comme : « Ya abati ». Il n’a pas dit : « Je
sais alors que toi tu es ignorant », mais plutôt : « Il m’est parvenu un savoir
que tu n’as pas reçu ». Ensuite, il a montré de la tendresse à l’égard de son
père et un grand souci quant à son salut en disant : « Cher père, je crains
qu’un châtiment venu du Clément ne te touche ». Même quant son père rejeta son
appel et menaça de le lapider, Abraham se contenta de dire à son père dans la plus
grande politesse : « Salut » et lui promit de demander pardon pour lui.
Voilà
comment les pieux doivent s’adresser à leur père égaré.
Sachez que
la question de la contestation partielle ou totale de la Sunna est très grave.
Peut-être aborderons-nous la question exhaustivement ailleurs. Mais nous disons
ici de façon succincte que si la déviation innovée par votre père est de nature
à l’exclure de l’Islam comme la contestation définitive de la Sunna fondée sur
la connaissance des preuves appropriées et leur rejet, vous ne pouvez pas prier
derrière lui parce qu’il est un mécréant. En revanche, si sa déviation ne
conduit pas à l’infidélité - comme s’il s’agit de la non observance d’une
disposition de la Sunna par laxisme ou par négligence -, il vous est permis
dans ce cas de prier derrière lui, et votre prière est valide. Allah le Très
Haut le sait mieux.
Note :
nous avons reçu de Cheikh Muhammad ibn Sahih al-Outhaymine à propos de cette
question ce qui suit :
La
contestation (de la Sunna) peut être fondée soit sur une interprétation, soit
sur une négation. Dans ce dernier cas, l’auteur de la contestation dit : « Je
sais que ceci est dit par le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur
lui) mais je le rejette et ne l’accepte pas ». Celui qui s’exprime ainsi
devient un infidèle, un apostat en rupture avec l’Islam. Par conséquent, l’on
ne peut pas prier derrière lui.
Si la
contestation est fondée sur une interprétation, on doit examiner celle-ci. Si
elle peut être justifiée linguistiquement ou par des sources de la loi
(religieuse) l’on ne doit pas traiter son auteur de mécréant car il n’est
qu’innovateur - si tant est que ses propos peuvent toujours être qualifiés
d’innovés. L’on peut alors prier derrière lui, à moins que le contraire ne constitue
un moyen de dissuasion à son égard, un moyen de l’amener à réfléchir une
nouvelle fois à son attitude. Si tel est le cas, on ne prie pas derrière lui.
Dans le
cas du père en question, il reconnaît une partie de la Sunna, celle qui est
conforme au Coran et l’explique. En même temps, il rejette l’autre partie celle
qui vient s’ajouter au Coran. Ceci relève des grandes innovations à propos
desquelles le Législateur a proféré des menaces d’après ce hadith rapporté de
façon sûre : « Que l’un de vous bien installé sur son divan ne vienne pas...
etc. » Cette attitude constitue une grave innovation qui suscite des craintes
quant au sort de son tenant. Allah le sait mieux.
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